Studio jeunes Audenge

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Ouverture du « Studio-jeunes », pièce maîtresse du dispositif « Cap sur la jeunesse »

Mais qui a tracé la route ?

Dans le Bulletin Municipal n°36, le vaisseau amiral de la flotte municipale annonce mettre désormais le cap sur la jeunesse parce que, les jeunes sont, nous dit-on, « l’avenir d’Audenge ». Avenir de quelque part, certes, Avenir d’Audenge, c’est plus incertain, compte tenu du prix de l’immobilier mais cela est une autre histoire. L’article détaille la première étape du périple : l’ouverture du « Studio-jeunes », une pièce maîtresse du dispositif, rien de moins qu’une « passerelle vers l’autonomie et la responsabilisation ».

Cap sur la jeunesse, donc. Mais quelle jeunesse ? Selon l’adjoint en charge de l’éducation et de la jeunesse, il s’agira de 24 jeunes que les associations locales peinent à intégrer, 24 « pré-adolescents aux besoins spécifiques ». Nous sommes, à l’évidence, devant un projet social, on ne peut que s’en réjouir.

Concrètement, le collège Jean Verdier accueillant plus de 420 Audengeois, ce sont, en moyenne, moins de 2 élèves par classe qui bénéficieront de cette main tendue. Un peu plus si l’on impose aux familles, des limites dans l’accès au « Studio ». Quoi qu’il en soit, il y aura peu d’élus. L’article évoque une collaboration avec l’équipe éducative et on suppose alors qu’elle portera sur la sélection de ces « adolescents aux besoins spécifiques ». On imagine un partenariat étroit entre milieu scolaire et service jeunesse pour repérer ces jeunes, pour solliciter, peut-être même convaincre leurs familles, pour faciliter les démarches d’inscription, pour suivre et bien sûr réguler le dispositif d’accompagnement.

Pour Qui?

On imagine et on … se trompe car l’accueil au « Studio-jeunes » se fera, simplement, par réservation, sur le site de la mairie, sur le mode si pratique, convenons-en, du « premier arrivé, premier servi ».

Patatra ! Les 24 élus seront issus des familles les mieux informées, les plus réactives, les mieux équipées et les plus aguerries aux démarches informatiques. Bref, il y a fort à parier que le « Studio » accueillera 24 adolescents sans souci particulier, des jeunes entourés de familles attentives. A l’heure où la pandémie a plongé nombre de jeunes dans l’angoisse et le désespoir. On aurait pu peaufiner les modalités d’accès, non ?
Mais, restons optimistes et disons que, par miracle, se présentent effectivement les pré-adolescents attendus. Quelques-uns des acrobates que l’on retrouve sur le toit de Pessalle ou certains de ces fanfarons qui s’exhibent clope au bec, à toute heure, devant le collège, peut-être des fous du guidon, adeptes de la roue arrière ou encore


une poignée d’égarés du système qui, à 13 ans, n’y croient déjà plus. Enfin un ou deux de ces enfants, trop solitaires, qui se sentent partout, des étrangers.

A ces jeunes-là, quels projets proposera le « Studio »? Obtenir et surtout conserver leur adhésion ne sera pas chose aisée. Seuls des projets alléchants, innovants et surtout gratifiants seront à même de les séduire. Des aventures collectives, leur offrant l’opportunité formidable, d’exister enfin positivement aux yeux de l’ensemble de la collectivité.

Et là encore, patatra ! Pas de défis mais une télé, une console, des jeux vidéo et de société, pour toute épreuve la promesse d’une partie de billard, de laser-game ou de paint-ball… Pas d’engagement collectif, ah si pardon !  Il y a bien un projet citoyen, valorisant à souhait : le ramassage des détritus sur la voie publique, rebaptisé pour l’occasion la « Clean walk ». On le sait bien, en anglais, tout est toujours plus fun ! Voilà qui risque de faire bondir le Calimero qui sommeille dans chaque adolescent.

Il reste, soyons honnête une ou deux propositions sportives ou culturelles… attendons de voir comment elles seront mises en œuvre. Il faut reconnaître que l’élaboration de tels projets n’est pas simple. Mais, n’y a-t-il pas des acteurs sociaux, rompus aux défis d’équipes et à l’encadrement des jeunes ? Les associations sportives ne seraient-elles pas de précieux partenaires ?

Quant au budget, on n’en parle pas ! Est-ce à dire que tout reposera une fois de plus, sur l’ingéniosité et le sens de la débrouille des animateurs ? Le dernier conseil municipal a pourtant fait état d’un excédent bancaire de 5 millions d’euros. Entre « l ‘Avenir d’Audenge » et l’épargne, la municipalité a fait son choix.

En résumé, des mots, des mots rien que des mots. De jolies déclarations d’intentions, un petit nuage de formules choisies et hop l’illusion est parfaite, on dirait qu’on s’intéresse la jeunesse. Pourtant derrière le discours, ni moyens, ni réflexion. D’où vient donc ce projet ? A l’évidence, il n’est pas le fruit d’échanges entre partenaires.

Bref, ce n’est pas le navire amiral qui met, en ce printemps 2021, le cap sur la jeunesse. Ce n’est un frêle esquif fraîchement repeint aux couleurs tendances et pompeusement rebaptisé « Studio-jeunes ». Il avance, poussé par l’air du temps. Tiendra-t-il les promesses annoncées ? Les matelots rament mais que fait donc l’amiral ? Il cherche sans doute, désespérément, une énième stratégie pour redorer son blason électoral.